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Baudelaire, Jean Teulé et les bijoux

Yann Savidan • nov. 02, 2020
Crénom Jean Teulé

La sortie de “Crénom” de Jean Teulé a réveillé ma curiosité pour Beaudelaire et “Les fleurs du mal”. J’avais bien la ferme intention de me procurer ce livre chez mon libraire préféré, lorsque le gouvernement a décidé de fermer ces commerces non-essentiels. Comme si la lecture n’était pas aussi essentielle que le Coca et le Nutella…


J’avais deux motivations pour acquérir ce livre : 

- la première parce que j’ai eu l’occasion de griller une cigarette avec Jean Teulé, alors qu’il était en dédicace dans une station balnéaire des Côtes d’Armor. Cet homme est vraiment d’une extrême gentillesse, d’une modestie et d’une simplicité extraordinaire. 

- la seconde, puisqu'à ma tendre enfance, j’ai été bercé par Beaudelaire et les Fleurs du mal. *Jean des vaches se plaisait à me réciter par cœur du Beaudelaire et donc "L’albatros" : 

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage. 

Prennent des albatros, 

Vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers. etc.

Et les bijoux dans tout cela ?

Hier, j’ai pu revoir l’excellent film Le Brio d’Yvan Attal. Daniel Auteuil, alias Pierre Mazard, face à ses étudiants lit "Les bijoux".

La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,

Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,

Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur

Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.

 

Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,

Ce monde rayonnant de métal et de pierre

Me ravit en extase, et j'aime à la fureur

Les choses où le son se mêle à la lumière.

 

Elle était donc couchée et se laissait aimer,

Et du haut du divan elle souriait d'aise

A mon amour profond et doux comme la mer,

Qui vers elle montait comme vers sa falaise.

 

Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,

D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,

Et la candeur unie à la lubricité

Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;

 

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,

Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,

Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;

Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,

 

S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,

Pour troubler le repos où mon âme était mise,

Et pour la déranger du rocher de cristal

Où, calme et solitaire, elle s'était assise.

 

Je croyais voir unis par un nouveau dessin

Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,

Tant sa taille faisait ressortir son bassin.

Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !

 

Et la lampe s'étant résignée à mourir,

Comme le foyer seul illuminait la chambre,

Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,

Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !

 


C'est pour ces excellentes raisons que j'ai souhaité partager ce billet avec vous.


En attendant les séances de dédicaces chez les libraires, vous pouvez toujours commander le livre de Jean Teulé chez Librairies indépendantes, ou ailleurs...


*Jean des vaches était considéré comme l'idiot du village, mais il avait la capacité de réciter par cœur outre les poèmes de Beaudelaire, ceux de Verlaine, d'Hugo, de Rimbaud, etc.

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